Composée en 1863 à Passy, La Petite Messe solennelle est l’ultime chef-d’œuvre de Rossini, mêlant ferveur sacrée et accents d’opéra. Écrite pour quatre solistes, chœur mixte, piano et harmonium, elle se distingue par son effectif restreint, d’où son nom. Rossini, alors âgé de 71 ans, la dédie à Dieu avec humour : « Est-ce de la musique sacrée ou de la sacrée musique ? » Véritable testament musical, elle révèle tout son génie.
Né en Italie en 1792, Rossini y a créé quelques-uns de ses opéras les plus célèbres : Le Barbier de Séville, Cendrillon, L’Italienne à Alger… Il s’installe en France en 1825, où il compose Le Comte Ory, Guillaume Tell… Adulé dans toute l’Europe, il cesse pourtant, à 38 ans, de composer des opéras, se consacrant à ses talents de gastronome, dont il fait profiter ses nombreux invités dans sa maison de Passy. Jusqu’à sa mort, il n’écrit que des mélodies – appelées ses Péchés de vieillesse – et de la musique sacrée : le Stabat Mater, puis sa dernière œuvre, La Petite Messe solennelle.
L’œuvre est créée le 14 mars 1864 dans la chapelle de l’hôtel particulier parisien du comte Alexis Pillet-Will, qui en a fait la commande. Après la première audition publique, un an plus tard, les réactions sont mitigées. Par exemple, Giuseppe Verdi écrit à son propos : « Rossini, ces derniers temps, a fait des progrès et a étudié ! Étudié quoi ? Pour ma part, je lui conseillerais de désapprendre la musique et d’écrire un autre Barbier. »
Rossini adapte ensuite sa Petite Messe pour orchestre. Sous cette forme, elle est représentée pour la première fois le 28 février 1869, après la mort de l’auteur, survenue l’année précédente. La Petite Messe solennelle comprend tout le savoir-faire de ce compositeur qui, selon Stendhal, avait atteint, avant la trentaine, la même notoriété internationale que Napoléon (Vie de Rossini par Stendhal).
